Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/54

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c’est un bourgeois économe qui se donne des airs de dissipateur, et qui tremble de gâter son chapeau.

Là-bas, au contraire, cette jolie dame, dont l’allure est si modeste et la toilette si soignée, ralentit le pas sous l’orage qui redouble ! Elle semble trouver plaisir à le braver, et ne songe point à son camail de velours moucheté par la grêle ! C’est évidemment une lionne déguisée en brebis.

Ici un jeune homme qui passait s’est arrêté pour recevoir dans sa main quelques-uns des grains congelés qu’il examine. À voir, tout à l’heure, son pas rapide et affairé, vous l’auriez pris pour un commis en recouvrement, tandis que c’est un jeune savant qui étudie les effets de l’électricité.

Et ces enfants qui rompent leurs rangs pour courir après les raffales de la giboulée ; ces jeunes filles, tout à l’heure les yeux baissés, qui s’enfuient maintenant avec des éclats de rire ; ces gardes nationaux qui renoncent à l’attitude martiale de leurs jours de service pour se réfugier sous un porche ! L’orage a fait toutes ces métamorphoses.