Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/56

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Sont-ce les faits qui parlent ainsi, ou l’avertissement vient-il du dedans ? N’est-ce point moi-même qui donne ce langage à tout ce qui m’entoure ? Le monde n’est qu’un instrument auquel notre volonté prête un accent ! Mais qu’importe si la leçon est sage ? La voix qui parle tout bas dans notre sein est toujours une voix amie, car elle nous révèle ce que nous sommes, c’est-à-dire ce que nous pouvons. La mauvaise conduite résulte, le plus souvent, d’une erreur de vocation. S’il y a tant de sots et de méchants, c’est que la plupart des hommes se méconnaissent eux-mêmes. La question n’est pas de savoir ce qui nous convient, mais ce à quoi nous convenons !

Qu’irai-je faire, moi, au milieu de ces hardis aventuriers de la finance ! Pauvre moineau né sous les toits, je craindrais toujours l’ennemi qui se cache dans le coin obscur ; prudent travailleur, je penserais au luxe de la voisine si subitement évanoui ; observateur timide, je me rappellerais les fleurs lentement élevées par le vieux soldat, ou la boutique dévastée pour avoir changé de maîtres ! Loin de moi les festins au-dessus desquels pendent