Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/66

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mais plus clairement posés de nos jours.

Je songeais à l’inutilité de tant de combats qui n’avaient fait que déplacer alternativement le malheur avec la victoire, aux malentendus passionnés renouvelant, de génération en génération, la sanglante histoire d’Abel et de Caïn ; et, attristé par ces lugubres images, je marchais à l’aventure, lorsque le silence qui s’était fait autour de moi m’a insensiblement retiré à ma préoccupation.

J’étais arrivé à une de ces rues écartées où l’aisance sans faste et la méditation laborieuse aiment à s’abriter. Aucune boutique ne bordait les trottoirs faiblement éclairés, on n’entendait que le bruit éloigné des voitures et les pas de quelques habitants qui regagnaient tranquillement leurs demeures.

Je reconnus aussitôt la rue, bien que je n’y fusse venu qu’une fois.

Il y avait de cela deux années : à la même époque, je longeais la Seine, dont les berges noyées dans l’ombre laissaient le regard s’étendre en tous sens, et à laquelle l’illumination des quais et des