Page:Souza - L’Almanach des poètes, 1898.djvu/58

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C’étaient comme de petits soleils devenus froids
A force du si long voyage…


Et les portraits,
Dans les albums usés ou les cadres, les portraits
Disaient par leurs yeux ou leurs robes anciennes
Les amours mortes, les regrets, les antiennes
Attardées et chères de notre pauvre vie éteinte,
Et le vent du dehors mêlait sa plainte
A notre rêverie auprès des cendres,
Et les tisons criaient un peu dans le silence,
Et nous avions l’impression de descendre
Très doucement, tout doucement, dans des pensées
Profondes et lassées,
Comme les brindilles s’enfoncent dans la mare
Sous l’eau pesante qui les cache peu à peu…


Les fronts, avec les doigts contre les cheveux s’inclinaient
Sur les livres fatigués, et la bouilloire

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