Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/102

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Les Cadets. — Fidèles à ces principes moraux et à l’étendue de leurs principes intellectuels, les symbolistes accueillirent généreusement les débuts de leurs insulteurs, les Bôuhélier, Gregh et autres Magre. ,

Cependant les cadets ne semblaient avoir rien compris aux richesses esthétiques accumulées par notre génération et qu’il lui sera impossible d’épuiser. Ils ne se trouvaient plus comme nous devant ces deux impasses :le naturalisme et le parnassisme. Le symbolisme, de l’aveu même de ses détracteurs de bonne foi, avait désobstrué l’impasse étroite et le cul-de-sac boueux. De véritables routes s’ouvraient larges et libres, et multiples, vers les domaines infinis si longtemps perdus de la beauté. Chose inouïe ! on avait déterminé dans les lettres une atmosphère d’art. Envers et contre tout et tous, la poésie pure renaissait. Chose unique ! si la nature des domaines était exactement reconnue, l’indépendance restait entière pour chaque nouveau passant de s’y tracer le chemin de ses rêves. Les symbolistes ne demandaient pas, comme les parnassiens, des suiveurs dociles ; ils étendaient simplement, pour tous, les grands horizons.

Que firent les cadets ? ils rebouchèrent les voies, ils redressèrent contre l’azur les moellons obtus, ils refirent les impasses !…

On a pu juger combien leurs moyens candides furent désarmants. — La presse nous avait provoqués à des manifestes qui s’avançaient moins contre des gens que pour des choses, au milieu de la solitude où la poésie se traînait. Messieurs les cadets, en plein repeuplement lyrique, lancèrent des