Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/121

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extraits des éléments nouveaux, de la science, du conflit social. »

Et nous voilà revenu à l’idéal poétique de Maxime du Camp ! Quoi ! vous avez oublié ce grand poète ? et sa préface des Chants modernes ?et les raisons irréfutables qu’il y donnait —avant 1868 !—de l’indifférencedu public en matière de poésie ? « Ignorance réelle ou volontaire de la vieactuelle.des sublimes inventions de la science et de l’industrie, retour opiniâtre au passé,aux vieux symboles et aux mythologies surannées,doctrine de l’art pour l’art, soin puéril de la forme, manque de sens humain… », etc., pas un clichédeM. Mauclairqui ne s’y trouve !

Ecoutons le vieux poète allemand Lenau :

« La poésie alla dans le bois profond cherchant les sentiers sacrés de la solitude : soudain s’abat autour d’elle un bruyant essaim qui crie à la rêveuse :

« Que cherches-tu ici ? laisse donc briller les fleurs, murmu« rer les arbres et cesse de semer çà et là de tendres plaintes « impuissantes, car voici venir une école virile et faite pour les « armes ! Ce ne sont pas les bois qui t’inspireront un chant « énergique. Viens avec nous, mets tes forces au service de « notre cause ; des éloges dans nos journaux récompenseront « généreusement chaque pas que tu feras pour nous. Elève-toi « à des efforts qui aient pour but le bonheur dumonde ; ne laisse « pas ton cœur se rouiller dans la solitude ; sors enfin de tes « rêves, deviens sociale ;fais-toi la fiancée de l’action, sans « quoi tu te rideras comme une vieille fille ! »

« La poésie répondit :

« Laissez-moi : vos efforts me sont suspects, vous prétende^