Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/123

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Conclusion

Et maintenant d’ « où il en est », le symbolisme, ayant traversé depuis longtemps sa période impressionniste, peut poursuivre avec une magnifique conscience son évolution constructive. On verra aux œuvres futures qu’il n’a usé que de la plus minime partie de ses ressources. Encore fallait-il qu’une bonne fois liquidation fût faite des incroyables ordures dont on les couvrait. Certes ces ordures retomberont toujours ; on ne triomphe jamais définitivement de l’ignorance intéressée, et tout bon déblayage doit être périodique.

Mais cette liquidation-ci était particulièrement nécessaire, non pas tant pour nous que pour la défense de la poésie outragée.

Les malheureux ! ils ne se sont pas aperçus que le symbolisme, dont la signification n’a grandi que des œuvres, n’était qu’un mot pour garder pure et complète la poésie même, pour la distinguer des mélanges, desquels il semble qu’elle ait toujours pris plaisir à corrompre son essence divine : l’extase apollonienne ou la fougue dyonisiaque. Aussi qu’arriverait-il si on les laissait faire ? le poète redeviendrait le bateleur, le professeur ou le faux tribun, le poème, le récit pittoresque, le plaidoyer moral ou l’exposé depalingénésie sociale qu’avec une langue faible et une métrique plate, toutes deux de pauvre imitation, ils s’essoufflent à produire sous les étiquettes de naturisme, d’humanisme, d’intégralisme, de néo-romantisme,