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Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/125

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L’utilitarisme prend tous les masques pour forcer l’art à l’agenouillement.

Et quand l’art s’agenouille, il écrit des vers comme ceux-ci :

C’est le temps des Mas ; les brises en sont ivres.

Un jour ils ont éclos, attendus et soudains,

L’année oublie encor les neiges et les givres :

C’est le temps de laisser les plumes et les livres

Et d’aller respirer au soleil des jardins.

C’est le temps des Mas… etc.

Qui veut aimer encor ? C’est le temps des lilas l

Ou bien :

Il n’est rien de plus beau qu’une fleur en avril.

Sinon la feuille d’or qui tombe au vent d’automne.

Et voilà qui doit être compté parmi les « minutes d’or » de l’humanisme ! On demande des secondes…

Symboliste ou non, à toutes les époques, chez tous les peuples, l’œuvre d’art vraie fut celle du sacrifice de soi dans l’exaltation de toutes les ressources qui la pouvaient créer.

Longue patience, long silence, longue souffrance, longue jouissance…

Certains ne peuvent attendre. Ils n’avaient pas compris ! ils avaient compris : exaltation de soi dans le sacrifice des ressources…— principe qui n’est celui d’aucun travail humain. Le moindre travail est faussé dès que le souci de paraître rend la conscience plus hâtive. Or rien ne pousse à paraître comme les cris de la rue ; immédiatement Maxime Du Camp se lève…

Ne nous plaignons pas ! Flaubert est resté assis.