Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/358

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3 mai.

Ce matin je suis descendu dans les jardins que ma mère aimait. Combien de pensées tristes et douces m’ont occupé ! Chaque pas, chaque arbre me rappelait mon heureuse enfance. Les soins de ma mère se mêlent tellement avec le commencement de ma vie, que j’ignore à quelle époque, de quel jour, dater un souvenir où le sien ne vienne pas se confondre. Ma mère et moi, moi et ma mère, voilà tout ce qui a rempli mes jeunes années.

Ô vous, tendres affections de l’ame qu’elle chercha toujours à m’inspirer, pitié généreuse, sacrifice de soi-même, conduisez-moi à travers la vie, pour chercher et deviner le malheur. Que de fois j’ai vu ma mère pleurer avec ceux que l’affliction accablait ! J’admirais avec quelle réserve elle s’informait de leurs besoins ; comme elle savait les amener à lui confier leurs peines ! J’étais le seul confident de ses œuvres pieuses qu’elle cachait soigneusement à tous les autres ; mais moi je savais tout, parce qu’elle voulait ouvrir mon cœur à la bienfaisance. Elle me répétait souvent :