Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/103

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GERTRUDE, émue, timidement,

Tout entier ?

PIERRE, lentement,

Tout entier ? Hélas, oui… Après ce coup, brutal,
Mes plus doux souvenirs me faisaient le plus mal ;
J’ai fait, pour oublier, tout ce qu’il a fallu,
Mais j’ai souffert, longtemps…

GERTRUDE, hésitante, à voix presque basse,

Mais j’ai souffert, longtemps… Vous m’en avez voulu

PIERRE, lentement en la regardant,

Oui… Pourtant j’ai compris, lorsque je fus capable
D’apaiser mon orgueil, qu’il était seul coupable,
Et qu’il devait se faire, ainsi, tout simplement,
Que vous pensiez à vous d’abord ?

GERTRUDE

Que vous pensiez à vous d’abord ? À moi ? Comment ?

PIERRE

Mais oui ! Je vous le dis sans animosité,
Croyez-le ; car après ce beau matin d’été
Où la vie étendit devant moi son mirage,
J’ai compris que c’est vous qui fûtes la plus sage,
Et qu’au bonheur douteux d’un destin d’ouvrier,
Il était naturel que vous préféreriez