Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/142

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Vouloir arrêter l’eau qui glisse entre les sables,
Et tandis qu’elle fuit, perfide, insaisissable,
Voir, malgré ses efforts, de lagune en lagune,
Chaque vague emporter un peu de sa fortune !

GERTRUDE

Pourtant…

CORNEILLE, continuant en s’exaltant,

Pourtant… Voici trois mois — et même davantage ! —
Que je n’ai pas touché deux florins de courtage !
Anvers m’a fait subir l’affront humiliant
D’y voir l’un après l’autre aborder mes clients !
Je n’ai plus rien ! La ruine augmente d’heure en heure
Autour de nous ; la misère est dans ma demeure,
Et je la sens glacer ces murs qu’elle envahit,
Après avoir couvert de deuil tout mon pays !

GERTRUDE

Maître…

CORNEILLE

Maître… Songe à ce que fut ma vie ! Un combat
De tous les jours ! Depuis l’échelon le plus bas,
Je me suis élevé lentement jusqu’au faîte,
Et dans l’orgueil de la fortune que j’ai faite
Je me croyais si haut qu’il était impossible
Aux flèches du malheur de me prendre pour cible !