Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/17

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L’APPRENTI, moqueur,

Là-bas ; J’arrive… à vos ordres la Mère-Flandre !

MÈRE-FLANDRE

Bien, bien ! Filez !

Alors Pierre et l’apprenti sortent à gauche. Mère-Flandre et Gertrude restent dans la salle et, tout en parlant, rangent les sièges le long des murs, puis commencent à mettre la table.
Gertrude est vive ; ses mouvements sont souples et prompts ; par moment toutefois ils se suspendent dans un arrêt brusque et la gaîté sur son visage tout aussitôt fait place à l’expression d’une pensée sérieuse. Mais ce n’est qu’un instant et la gaîté revient animer ses lèvres et rosir ses joues.
Ses cheveux noirs s’échappent en mèches fines de la coiffe très légère qui couvre ses oreilles de deux petites ailes blanches. Ses yeux, clairs lorsqu’elle rit et regarde autour d’elle, paraissent s’assombrir sitôt qu’elle réfléchit ; sa voix pleine de notes rapides et sonores devient alors lente et lointaine.
Pour faire sa besogne, elle a relevé jusqu’au-dessus des coudes les manches de son corsage de beau drap ; damassé bleu sur bleu, découvrant ses bras jeunes aux poignets solides. Son col haut est surmonté d’une collerette blanche, tuyautée, légèrement empesée ; un étroit tablier blanc s’attache à la taille, sous la pointe du corsage. Le long de sa jupe de même drap, bordée au bas d’un galon broché également bleu, pendent sa troussoire et son aumônière, et cette jupe large qui ne découvre que le bout de ses souliers de peau la vieillirait sans doute, si son rire, en ce moment même, n’affirmait ses frais dix-huit ans.
GERTRUDE, regardant sortir les apprentis,

Bien, bien ! Filez ! Tu les malmènes trop !