Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/24

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GERTRUDE, s’approchant de la fenêtre qu’elle entrouvre
et regardant à droite,

Les courtiers ?… Des jaloux !… Des intrigants !… Voici
Le Maître ! Avec quelqu’un… Ils viennent par ici…

MÈRE-FLANDRE

C’est bon, c’est bon… Veux-tu m’aider ? Tu vas répandre
La cervoise !…

Gertrude tient en effet une cruche à la main. Elle revient vers la table qui, couverte de la nappe, est garnie maintenant de verres, de coupes, de flacons de vin. Alors la porte du fond s’ouvre et Maître Corneille, s’arrêtant sur le seuil fait entrer devant lui son vieil ami Jooris.
Large et haut, plein de force, le doyen des courtiers est joyeux ce matin. Sa gaîté toutefois n’est jamais expansive ; elle demeure rude et brusque comme sa voix et son geste. L’autorité de son visage et de sa démarche, la décision de son regard et de sa parole, comme elles imposent habituellement sa volonté, imposent sa bonne humeur ; sa joie veut qu’on la partage.
Il porte droit sa tête grosse, et ses yeux, petits et vifs, regardant les choses et les gens avec une attention rapide, donnent l’impression qu’il pense sans cesse à ce qu’il voit. Des cheveux roux, grisonnants aux tempes, crêpent derrière ses oreilles ; une barbe courte arrondit ses joues ; son nez est fort, sa bouche grande, munie de dents très blanches. Lorsqu’il ôte sa toque de velours noir, son visage s’éclaire d’un front bombé, intelligent, têtu.
Ses vêtements sont beaux de la qualité fine du linge et de l’étoffe. Un pourpoint de drap brun à l’encolure carrée, des-