Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des milliers de maisons, un grand fleuve, un port vaste
Vers lequel les vaisseaux du monde entier convergent,
Et dans le riche enclos de son enceinte vierge,
— Car nul prince à ce jour n’a franchi ses murailles —
Je ne sais quoi d’ardent qui gronde, qui travaille,
Et fait sentir qu’au cœur de cette ville immense,
C’est comme un grand destin de gloire qui commence !

(Avec chaleur)

Alors vous comprenez qu’aux heures où l’on sent
Que l’on est fort et jeune et qu’on a du vrai sang
Comme une sève chaude et qui gonfle l’écorce,
Ce soit dans ce milieu de jeunesse et de force,
Qu’on rêve de donner un jour… à ceux qu’on aime,
Un fier et grand bonheur qu’on aurait fait soi-même,
Fallût-il, nuit et jour, peiner comme un forçat !…

GERTRUDE, riant,

Mais vous n’avez pas l’air si timide que ça !

PIERRE, confus,

Vous voyez… vous riez de ce que je vous dis !…

GERTRUDE, protestant vivement,

Mais non !

PIERRE, brusque,

Et vous n’avez pas tort ! Je m’étourdis,