Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/72

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Quinze ans ont passé depuis le jour où Corneille fut fêté par les courtiers. Dans la lumière terne d’un après-midi d’automne, la grande salle est sévère et triste. Les sièges, les rideaux, le tapis couvrant la table sont usés ; nul objet ne l’égaie.

Gertrude, songeuse, est assise près d’un rouet, sur l’un des bancs voisins de la fenêtre ; elle ne travaille pas.

Son visage n’a plus sa fraîcheur d’autrefois. Une mélancolie en accentue les traits et cette gravité soudaine, qui jadis passait sur eux comme un nuage d’été, semble être devenue leur expression coutumière.

Parfois une chaleur lui vient aux joues, une lueur anime ses yeux ; puis la vie calme lui rend sa pâleur et se rendort dans sa prunelle éteinte.

Elle est plus belle qu’autrefois, plus attirante aussi de toute la consolation que semble demander sa tristesse muette.