Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/91

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C’est parfait ! Et pendant ce temps, la mer sournoise,
Se moquant de vos droits d’étape et de vos dragues,
Recule encor, tout doucement, de quelques vagues !…

CORNEILLE, haussant les épaules,

Des mots ! Ce ne sont que des mots !

JOORIS, tristement,

Des mots ! Ce ne sont que des mots ! Je le souhaite…
Quoi qu’il en soit, moi j’ai fini, ma tâche est faite ;
Et je ne veux plus voir ce canal d’eau qui dort
En songeant que c’est tout ce qui reste d’un port
Qui jadis a tenu dans ses digues robustes,
Les dix-sept-cents vaisseaux du roi Philippe-Auguste !
J’ai des patients à Marck, tout prés de Saint-Omer ;
J’irai chez eux ; et là — vieux marin, que la mer
Se réservait — qui sait ? — pour un de ses naufrages, —
Je mourrai doucement parmi des pâturages…

(Corneille fait un geste)

Non ; je veux m’endormir bien en paix, dans mon coin.
Damme et toi vous mourrez aussi…

CORNEILLE, exaspéré,

Damme et toi vous mourrez aussi… J’aurai du moins
Lutté ! J’aurai lutté pour vous, lutté pour elle ;
Et mort pour mort…