Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/163

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Ce que j’avais encor de force et de courage,
Par un dernier crachat j’ai signé mon ouvrage !

En sanglotant, il jette la toile dans un coin de la chambre.
KAATJE (l’implorant)

Jean ! Jean ! Je t’en prie !

JEAN (se passe la main sur le front et se calme brusquement)

Jean ! Jean ! Je t’en prie ! Oui ; c’est vrai ; je gesticule
Comme un gamin, et tous ces cris sont ridicules !
C’est fini ! Mes pinceaux sont là ! Pleurons sur eux !

Tristement.

Ah ! ce chagrin vaut bien un chagrin d’amoureux,
Je t’assure ! Des mots d’amour, on en retrouve !
Mais un cœur, éprouvant ce que mon cœur éprouve,
Une pensée émue au frisson de la mienne
Et qui rallume en moi la flamme et l’entretienne,
Hélas ! où retrouver cela ?

KAATJE (après un long silence, parlant avec peine)

Hélas ! où retrouver cela ? Que vas-tu faire ?
Il faudrait…

JEAN (avec un geste las)

Il faudrait… Oui, je sais, m’en aller ! Tantôt père
M’a parlé d’un nouveau départ. Je partirai !

Amèrement.

J’irai voir comment font les artistes, les vrais !