Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/33

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LA MÈRE

Oui, oui ; cela tiendra.Lorsque ma sœur est morte.
Et puis ton père, et que nous te prîmes chez nous,
Sais-tu bien qu’il était affreusement jaloux
Des soins qu’on te donnait ! Il n’avait que huit ans !
Ah ! le temps qui suivit fut notre plus beau temps !
Jean n’avait pas de sœur, mais il eut sa cousine,
Puisque nous t’avions prise, petite orpheline,
Ici, comme un présent que le Seigneur envoie ;
Et ton malheur immense aura fait notre joie !
Ah ! ce fut le beau temps, bien sûr !

KAATJE

Ah ! ce fut le beau temps, bien sûr !Ma bonne mère,
Ne pleure pas !

LA MÈRE

Ne pleure pas !Laisse-moi pleurer, au contraire !
Je lutte et me contrains depuis tant de semaines
Qu’il m’est doux, un instant, de dire un peu ma peine,
Mais, pour que ce départ lui garde tout son charme,
Il ne faut pas que Jean soupçonne cette larme ;
Ce n’est que devant toi, Kaatje, qu’elle coula :
Je pleure, parce que je ris quand il est là !

KAATJE

Mère !