Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/70

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De peupliers, le merveilleux soleil couchant !
Un brouillard délicat baignait déjà les champs ;
Les ailes des moulins reposaient leur fatigue ;
Un oiseau, caché dans un arbre de la digue,
S’est fièrement mis à chanter vers le soleil
Qui touchait le gazon de son disque vermeil.
Alors, comme s’il n’attendait que ce signal,
Un grand rayon de flamme empourpra le canal,
Et tout eut l’écarlate et l’or de son éclat ;
Et je pensais : Oui, oui, c’est bien comme cela,
Par un soir de bonheur, de gloire et de chanson,
Que notre Jean doit revenir dans sa maison !

LE PÈRE

Mais tu ne l’as point vu !

KAATJE

Mais tu ne l’as point vu !Non ; je n’ai rencontré
Personne sur la route, et j’ai voulu rentrer
Avant qu’il ne fit noir. Que dis-tu des feuillages ?

Elle montre la guirlande.
LA MÈRE

C’est charmant.

LE PÈRE (impatient)

C’est charmant.Verrons-nous la fin de ce voyage !
Ce retard, à la fin, me fait craindre un malheur !