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LE PÈRE

C’est vrai !

KAATJE (elle s’assied sur les genoux du père)

C’est vrai ! Rappelle-toi sa lettre de Milan,
Et le bon tour qu’il fit à ce peintre insolent !
Et son arrivée à Ferrare où son hôtesse,
Le prenant pour un duc, l’appelait « Votre Altesse »
Quand, la veille, on avait voulu lui faire aumône
Sur la grand’route ! Et puis, l’histoire de Crémone,
Où, pour payer sa chambre, il fit, en bon artiste,
Le portrait du petit garçon de l’aubergiste !
Et Rome ! Et sa stupeur, un jour, dans une église,
Devant une statue énorme de Moïse !
Et puis Saint-Pierre ! Et puis la bénédiction
Du pape ! Et puis ce coup et cette émotion,
Lorsqu’une même lettre, un matin, nous apprit
Qu’il était si malade et qu’il était guéri !
Puis sa rencontre avec Jean Breughel, le Flamand !…

LE PÈRE (riant)

Tu te souviens de tout !

KAATJE

Tu te souviens de tout !Mais naturellement !
Et de bien d’autres choses encor ! Par exemple
De nos rires, quand nous regardâmes ensemble