Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que cette seule foi la réaliserait ?
Je sens qu’il nous revient, qu’il est ici, tout près,
Et qu’il galope sur la route ! C’est certain !
Voici trois ans, lorsqu’il apprenait le latin
Chez le curé, le soir, quand il rentrait souper,
Je le suivais ainsi sans jamais me tromper !
Mère était là, filant ; je travaillais près d’elle ;
Attentive à mon rêve autant qu’à ma dentelle,
Je mêlais ses fils blancs au réseau de mes songes ;
Je me disais : Il sort du presbytère ; il longe
Le grand mur de l’église ; il traverse la place ;
Le voici dans la rue ; et maintenant il passe
La porte de la cour ; il monte vivement
Les marches ; il est là ! Et, comme en ce moment,
C’était dans tout mon cœur ce plaisir, cet émoi…
Écoutez !…

En prononçant avec fièvre ces dernières paroles, Kaatje s’est levée brusquement. On entend du bruit au dehors. Les parents se lèvent aussi.
LA MÈRE

Écoutez !…Jean !

KAATJE

Écoutez !… Jean !C’est lui !

LA MÈRE

Écoutez !… Jean ! C’est lui ! Jean !