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Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/129

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cette pose saugrenue, à la caresse d’un rayon de soleil.

J’entrai sans bruit, et, planté un peu en arrière, sans qu’elle me devinât, tant elle était absorbée dans son occupation, je pus suivre toute sa manigance. Sa robe de chambre aux genoux, en cette pose qui lui mettait les pieds plus haut que la tête, elle livrait à discrétion tout le revers de ses cuisses par-dessous la cascatelle de ses élégances intimes qu’éclairait à ce moment un rais solaire. Tout en faisant mine de lire, elle délia ses jambes qui étaient croisées jusque là, ses petites mules glissèrent le long de la barre d’appui, et insensiblement elle ouvrit ses cuisses en compas dans le retroussé des jupes.

Une glace que la friponne avait inclinée contre la rampe pour juger elle-même du coup d’œil, me renvoyait le piquant effet de l’exhibition à laquelle elle s’excitait. Dans la vapeur rose et blanche de ses galants dessous, un coquet pantalon en entre-deux et Valenciennes, bâillant de toute sa fente, découvrait la belle ogive de chair blonde où, sous la flambée de la motte rutilante, la cosse mignonne prolongeait de son trait de rubis la sombre brèche des fesses, infléchies en avant.

Certes, il y avait de quoi bander, et, rageusement je supputais le régal de celui à qui Colette se prostituait ainsi à distance, quand, par-dessus son livre, son regard qu’accompagnait un sourire,