Page:Spencer - La Science sociale.djvu/102

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On aura peut-être remarqué que les témoignages précités sont des témoignages de choix, émanant d’hommes à qui une haute position, une longue expérience, ou une spécialité donnaient toute qualité de juges. Les témoignages à leur opposer sont ceux de Sir James Paget, de Sir W. Jenner et de M. Prescott Hewett, qui regardent le mal comme extrêmement grave. Peut-être invoquera-t-on aussi un document officiel qui déclarait, à propos des appréciations des trois personnages susnommés, que les idées de ces auteurs rencontraient « l’approbation énergique de nombreux praticiens. » Le même document nous apprend « qu’à peine quelques voix isolées se sont élevées pour dire qu’on avait exagéré le mal. » Cette phrase ne donne pas une idée parfaitement juste de la valeur des témoignages que nous avons enregistrés plus haut, d’autant qu’il faut ajouter au poids de tous les témoins en tant que médecins, le poids de plusieurs d’entre eux en tant que spécialistes. Il serait impossible de dire le chiffre exact de voix qu’obtiendrait chaque opinion dans le corps médical, à moins de dresser une liste de tous les médecins et chirurgiens du monde ; mais nous avons un moyen de juger laquelle des deux manières de voir a en réalité « l’approbation énergique de nombreux praticiens : » il suffit pour cela de prendre un groupe médical circonscrit. Sur cinquante-huit médecins et chirurgiens résidant à Nottingham ou dans ses faubourgs, cinquante-quatre ont apposé leurs signatures à un compte-rendu destiné au public ; il constate que la syphilis « est devenue beaucoup plus rare et qu’elle a pris un caractère si bénin, que c’est à peine si nous reconnaissons la maladie décrite par nos ancêtres. » Au nombre des signataires étaient presque tous les médecins occupant des positions officielles dans la ville : le doyen de l’Hôpital Général, le chirurgien honoraire du même hôpital, les chirurgiens de la prison, du dispensaire général, de l’Hôpital libre, de l’Hôpital de


    j’ai pris cette citation dans l’ouvrage même ; j’ai également puisé dans les originaux les opinions de Skey, Simon, Wyatt, Acton, de la British and Foreign Medico-Chirurgical Review et du British Medical Journal. On trouvera le reste des passages cités, ainsi que beaucoup d’autres sur le même sujet, dans la brochure du Dr C.-B. Taylor sur The Contagious Diseases Acts.