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quand tout semblera perdu que tout sera vraiment sauvé.

« Si la France avait su profiter des désastres subis, Dieu lui eût rendu ses premières faveurs. Elle s’obstine dans l’erreur et le vice. Croyons que Dieu la sauvera malgré elle, en la régénérant toutefois par l’eau et par le feu. C’est quand l’impuissance humaine apparaît qu’éclate la sagesse divine. Mais quelles tribulations ! quelles angoisses ! Heureux ceux qui survivront et jouiront du triomphe de Dieu et de son Église sainte, catholique, apostolique et romaine[1] ».

Des conceptions de ce genre se rencontrent ailleurs que chez ces historiens dont les noms sont tombés dans l’oubli et chez ces hommes, qui, dans le drame des révolutions contemporaines, jouent le rôle du chœur antique et entreprennent de raconter aux spectateurs, c’est-à-dire au monde, quel a été le but de la divinité, et quels sont ses projets. Nous avons vu dernièrement un professeur d’histoire émettre des idées d’une nature essentiellement identique. Voici ses propres termes :

« Et maintenant, messieurs, est-ce qu’il n’y avait pas un général pour diriger cette grande campagne (celle des Germains contre les Romains) ? Si la victoire de Trafalgar suppose l’intelligence d’un Nelson, et Waterloo celle d’un Wellington, n’y avait-il donc pas aussi une intelligence pour guider ces armées innombrables dont les succès allaient décider de l’avenir de toute la race humaine ? N’y avait-il eu personne pour les ranger depuis l’Euxin jusqu’à la mer du Nord, sur cette ligne convexe inexpugnable ? Personne pour les conduire vers ces deux grands centres stratégiques, la Forêt-Noire et Trieste ? Personne pour forcer ces barbares aveugles qui n’avaient ni science ni cartes, à suivre ces règles de la guerre, sans lesquelles la victoire est impossible dans une lutte prolongée ; ni pour lancer leurs masses hésitantes, au moyen de la pression des Huns, dans une entreprise que leur simplicité se figurait d’abord comme dépassant les forces humaines ! Croira cela qui pourra ! moi, je ne le puis pas. On peut me dire qu’ils obéis-

  1. La Main de l’Homme et le Doigt de Dieu dans les malheurs de la France, par J. C. ex-aumonier dans l’armée auxiliaire. Paris, Douniol et Cie 1871