Page:Spencer - La Science sociale.djvu/83

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Pourtant, après avoir payé à ces importants sujets le tribut d’attention qui leur est dû, on pourrait accorder avec profit quelques minutes à l’histoire naturelle des sociétés. Peut-être ne serait-il pas inutile à l’homme politique de se demander quel est le cours normal de l’évolution sociale et en quoi telle ou telle mesure affectera cette évolution. Dans certains cas, une semblable recherche pourrait peut-être l’aider à diriger sa propre conduite. Qui sait ? Il pourrait se faire que toute mesure législative dût se trouver en accord ou en désaccord avec le cours naturel du développement et du progrès de la nation et qu’il fallût en juger le mérite d’après cette dernière considération plutôt que par des considérations plus familières. En tous cas, nous sommes autorisés à croire, sans encourir le reproche de présomption, que si les modifications que subissent l’organisation de la société et les fonctions sociales sont soumises à des lois, la connaissance de ces lois ne peut manquer d’influer sur notre jugement ; elle nous aidera à discerner ce qui est un progrès et ce qui est un recul, ce qui est désirable, ce qui est faisable, ce qui n’est qu’une utopie.

Les chapitres suivants s’adressent à ceux qui estiment qu’une pareille recherche vaut la peine d’être poursuivie. Avant d’aborder la science sociale, il y a plusieurs questions importantes à examiner. Il ne suffit pas de concevoir clairement la nature de la science qui va nous occuper ; encore faut-il savoir à quelles conditions l’étude peut en être entreprise avec succès. Nous nous proposons d’étudier d’abord ces conditions.