Page:Spencer - La Science sociale.djvu/91

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Sociétés de tempérance qui contribuèrent à la panser. Vinrent ensuite les Teatoteaters, plus absolus dans leurs idées et plus énergiques dans leurs actes, qui contribuèrent, encore à diminuer le mal. Grâce à toutes ces causes réunies il n’est plus reçu depuis longtemps qu’un homme du monde s’enivre, et ce qui passait pour glorieux est devenu honteux ; l’ivrognerie a même beaucoup diminué parmi le peuple, où elle commence à être l’objet de la réprobation générale. Néanmoins, ceux qui conduisent le mouvement dirigé contre ce vice, ayant l’œil de plus en plus ouvert sur lui, affirment ou laissent croire par leurs pétitions et leurs discours, non-seulement que le mal est grand, mais encore qu’il augmente. Après avoir, dans l’espace d’une génération, beaucoup diminué l’ivrognerie par leurs efforts volontaires, ils se persuadent et persuadent aux autres qu’il n’y a pas d’autre remède à une plaie si effroyable que des lois répressives, des Maine-Laws et des Permissive-Prohibitory-Bills. Si nous en croyons le rapport présenté par un Comité ad hoc, il va falloir aggraver les peines contre l’ivrognerie, élever le chiffre des amendes et le nombre des mois de prison dont elle est passible, enfin fonder des établissements de correction dans lesquels les ivrognes seront traités à peu près comme des criminels.

Voyez aussi ce qui s’est passé pour l’éducation. En remontant assez loin, nous trouvons les nobles absolument illettrés et, qui plus est, pleins de mépris pour l’art de lire et d’écrire. À la période suivante, l’autorité encourage faiblement les études qui se rapportent à la théologie, mais toute autre science est hautement réprouvée[1] ; on est persuadé, du reste, qu’apprendre n’importe quoi ne convient qu’à un prêtre. Beaucoup plus tard, les hautes classes épèlent encore fort mal et on pense qu’il ne sied pas à une femme de savoir lire couramment. Shakespeare a dépeint un sentiment du même genre, lorsqu’il nous parle de ceux qui considèrent comme une bassesse « d’avoir une belle écriture ». Jusqu’à une époque tout à fait moderne beaucoup de gros fermiers ou de gens aisés de cette classe ne savaient ni lire ni écrire. Après avoir progressé chez nous

  1. Hallam, Middle Ages, ch. IX, 2e partie.