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Page:Spenlé - Novalis.djvu/127

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CHAPITRE IV
L’INTUITIONNISME

FICHTE ET LE ROMANTISME


Aux origines du romantisme allemand on trouve la philosophie de Fichte. Quelle affinité entre cette génération inquiète et le professeur d’Iéna, au profil énergique, au verbe autoritaire ? C’est que précisément on cherchait des affirmations énergiques. Fichte inaugurait en philosophie une nouvelle méthode, — la méthode « affirmative » et géniale. Il y avait en lui du chef de secte, du prédicateur et du tribun. Il se croyait appelé à annoncer, par une révolution purement spéculative, une interprétation nouvelle de la Nature, de la Science et de l’Histoire, une véritable religion de l’avenir, — la religion de l’Esprit. Dans sa pensée première l’idéalisme était moins une doctrine philosophique qu’un principe intérieur de foi et d’activité, une révélation morale, qui, manifestée d’abord à l’intérieur d’un cercle étroit de disciples, d’adeptes ou d’initiés, — dans une sorte d’« ecclesia pressa », — devait se répandre ensuite dans le monde entier, pour régénérer l’humanité. Ce fut là une conception, verrons-nous, que le premier romantisme s’est complètement assimilée.

Ce qui devait séduire en outre les romantiques dans l’idéalisme intégral de Fichte, c’était la hardiesse spéculative de sa méthode, qui mettait dès l’abord l’homme en présence du mystère de sa propre conscience et l’invitait à développer