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Page:Spenlé - Novalis.djvu/416

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

rable et profonde, cette renaissance devait pénétrer toutes les activités de la vie nationale et qu’elle ne pouvait s’accomplir que par une restauration politique et sociale du catholicisme historique.

Dans Novalis Eichendorff reconnaît un des apôtres des temps nouveaux, le représentant le plus sincère et le plus complet de ce premier romantisme, avec toutes ses qualités et aussi avec toutes ses insuffisances. L’article qu’il consacre à cet auteur et par où il commence tout son exposé de la littérature romantique, n’est guère qu’une analyse et une critique du pamphlet religieux, « Europa ». — « Le premier — selon Eichendorff — Novalis a eu le courage de dire ouvertement et sans ambages aux esprits cultivés que toute la culture moderne plonge par ses racines dans le christianisme et qu’elle doit nécessairement être de nouveau mise en contact avec ce qui lui sert de support, si elle-même ne doit pas perdre toute signification et toute consistance… Novalis déplore avec tous les nobles esprits de son temps la dépression mortelle apportée par le matérialisme dans la vie morale de l’Europe. Les causes de cette décadence sont, pour lui, l’indifférence religieuse des peuples et aussi le conflit, l’antagonisme artificiellement suscité entre la foi et la science. Il voit cette œuvre de décadence déjà préparée par la Réforme et consacrée par le protestantisme. Seul le retour à la religion vraie, c’est-à-dire à l’Église catholique, peut apporter le salut si longtemps attendu » (Geschichte der poetischen Litteratur Deutschlands, von Joseph Freiherrn von Eichendorff, Paderborn, 1861, II, p. 17 ss.). Malheureusement après avoir découvert le mal et les causes du mal, Novalis recule devant le remède, ou du moins il propose un remède purement illusoire. Il se perd dans les rêveries chimériques d’une religion nouvelle, sans dogme et sans organisation précise, sorte de religion naturiste et poétique, d’inspiration théosophique. « Il divague tout à coup comme un homme pris de vertige, parlant deux langues à la fois, dont l’une nie ce que l’autre affirme » (ibid. p. 98).