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LES COURANTS D’OPINION

d’histoire littéraire paraissait à partir de 1857. « Ses écrits — dit-il à propos de Novalis — sont les rêveries d’un jeune malade, que l’école romantique a prises pour des paroles profondes, pour des oracles de sagesse, et les auteurs catholiques d’aujourd’hui (allusion sans doute à Eichendorff) se réclament toujours de ces bagatelles littéraires, écloses dans un cerveau malade, — comme si c’étaient paroles d’évangile. (Grundriss der Geschichte der deutschen Dichtung, Dresden, 1881, II, p. 29).

Cependant un effort de critique plus équitable apparaissait déjà chez certains historiens. L’ouvrage de Hillebrand (Die Deutsche Nationallitteratur, Hamburg u. Gotha, 1846. III) marque à cet égard un progrès sensible. L’auteur reconnaît que le romantisme s’est efforcé de populariser l’idéalisme artistique, préparé par la littérature classique, et qu’en se faisant ainsi le porte-parole d’une culture supérieure, il a sauvé la littérature du réalisme trivial et de la vulgarité morale (op. cit. p. 215). De plus les auteurs romantiques ont su éveiller la conscience populaire et nationale de l’Allemagne, sans perdre de vue la grande culture cosmopolite. Ils ont voulu opérer la synthèse de ces deux éléments, constituer une littérature à la fois « nationale » et « cosmopolite » et, par l’étude des caractères ethnographiques, préparer une véritable littérature universelle (op. cit. p. 214). Malheureusement l’étude sur Novalis (p. 315 ss.) n’apporte aucun élément original. Hillebrand continue à voir en lui un apôtre du catholicisme médiéval et au sujet de Henri d’Ofterdingen ne fait guère que répéter le jugement de Hegel. — Une monographie plus développée de Hettner sur l’École romantique, parue en 1850, a eu du moins le grand mérite de tracer clairement les devoirs de la nouvelle critique à l’égard du premier romantisme. « Il s’est établi chez nous une certaine définition courante du romantisme qui est due à ce fait que, dans notre développement religieux et politique, nous avons à lutter contre certaines tendances réactionnaires, issues d’abord et di-