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Page:Spenlé - Novalis.djvu/435

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LES COURANTS D’OPINION

même l’« Europa » de Novalis (Deutsche Geschichte im 19ten Jahrhundert, Leipzig, 1894, I, p. 211).

Les mêmes préoccupations nationalistes ont inspiré M. Ad. Bartels, dans sa toute récente Histoire de la littérature allemande. Ce qui domine, d’après lui, l’histoire de l’Allemagne, dans les dernières années du 19me siècle, c’est la rupture avec l’ancien libéralisme. Le libéralisme est un produit d’importation étrangère, inassimilabie au peuple allemand. « Notre peuple est en vérité foncièrement romantique et, si Dieu veut, restera toujours tel… Pour nous, nous voyons dans le romantisme véritable la seule forme poétique appropriée à l’esprit germanique, tout en reconnaissant que la réalisation suprême de notre idéal est encore dans l’avenir. » (Geschichte der deutschen Litteratur, Leipzig, 1902, II, p. 117 et p. 113). Ce qu’on appelle communément « romantisme » — (c’est-à-dire l’école littéraire qui a reçu ce nom) — a disparu et devait disparaître. Trop d’éléments de décadence s’y trouvaient mêlés. Les véritables continuateurs de cette tendance ont été en Allemagne non les partis réactionnaires auxquels on réserve généralement la dénomination de « romantiques », mais les écrivains de la « Jeune Allemagne », qui en ont poussé à bout les paradoxes moraux et artistiques (op. cit. p. 38). Cependant à côté du faux romantisme, issu de l’idéalisme métaphysique et de l’individualisme génial — « si on entend par là, non la Renaissance nationale, mais le produit excentrique d’une culture artificielle et excessive » (op. cit. p. 132) — il y a un romantisme sain et riche d’avenir, un « romantisme réaliste », selon M. Bartels, c’est-à-dire qui plonge profondément dans les réalités sociales et ethnographiques de la vie nationale. L’essentiel est de faire entre les deux la juste démarcation : Beaucoup s’y laissent tromper. Particulièrement attrayante à cet égard, et dangereuse aussi, est la personnalité de Novalis. « Tandis que peu de gens aiment et admirent aujourd’hui Hœlderlin, le plus grand des deux comme poète — Novalis a trouvé de nouveau une chapelle de fidèles. Ses aspi-