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Page:Spenlé - Novalis.djvu/476

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

ques et philosophiques — disait-il de Novalis — et ses aspirations religieuses lui permettaient de mêler, dans un même esprit chrétien, à la fois une admiration d’artiste pour l’Église catholique, une vénération profonde pour Luther, pour Calvin (?), pour les Frères Moraves, et un culte enthousiaste pour Spinoza, pour la spéculation allemande et pour le néo-platonisme… Il ne voulait appartenir à aucun parti, à aucune secte et pouvait revendiquer hautement la réponse que Schiller faisait à ceux qui l’attaquaient : « À quelle religion je me rattache ? — À aucune de celles que vous me nommerez ! — Et pourquoi ? — Par religion. » (Novalis Schriften, 1837, I, p. XLI s.).

La « Nachlese » crut reconnaître dans cette Église nouvelle le rêve d’une Église nationale allemande et rattache ces prophéties au mouvement de réformes qui, sous le nom de fébronianisme, se dessinait vers la fin du 18e siècle à l’intérieur même du catholicisme et dont un certain nombre d’évêques allemands, particulièrement Wessenberg, soutenus par une partie de la Franc-Maçonnerie, s’étaient faits les promoteurs (Nachlese, op. cit p. 225). Novalis aurait donc rêvé de créer, à l’intérieur du protestantisme, un mouvement analogue, afin que du rapprochement de ces deux tendances pût naître une Église nationale et anti-papale, assez analogue à celle que voulut constituer plus tard en Allemagne le parti des « vieux-catholiques ». — À présent que tout au moins le « papisme » de Novalis semblait hors de cause, le ton de la critique protestante se radoucit et même on finit par découvrir beaucoup de bonnes et saines vérités. Là où, quelque temps auparavant, on n’avait voulu voir qu’un tissu de contradictions ou une aberration maladive. C’est ainsi que M. Schubart essaie de réhabiliter l’œuvre tant calomniée. « L’auteur a écrit mainte parole qui doit nous frapper douloureusement au cœur, nous autres protestants ; et pourtant il faut reconnaître qu’il a caractérisé en traits ineffaçables cette époque de mort spirituelle et d’inertie ecclésiastique, qui s’était abattue sur l’Angle-