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Page:Spenlé - Novalis.djvu/480

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

tion beaucoup plus positive du christianisme que chez Schleiermacher. Le premier affirme sa foi à la personnalité divine et à l’immortalité de l’âme, alors que le second ne considère pas ces croyances comme essentielles à la vie religieuse (Schubart, op. cit. p. 201). — Novalis fait aussi une plus grande place que ce dernier au miracle intérieur de l’inspiration religieuse (ibid. p. 211). — Il est vrai que, dès qu’il entre dans l’analyse précise des textes, M. Schubart se voit de nouveau obligé d’abandonner une à une toutes ces affirmations. Il reconnaît que l’immortalité de l’âme dont il est question dans les Hymnes à la Nuit ressemble plus au nirvâna bouddhique qu’au paradis chrétien. « Même dans les aphorismes les plus profonds sur la mort, le lecteur chercherait vainement l’idée clairement formulée d’une survivance individuelle après la mort » (ibid. p. 212). — De même la personnalité divine semble s’effacer tantôt devant la conception spinoziste de la Substance éternelle, tantôt devant le Moi philosophique et absolu de Fichte (ibid. p. 206-207). Bien plus, parmi les Hymnes spirituelles il s’en trouve au moins deux — l’Hymne de la Pentecôte et l’Hymne de l’Eucharistie — qui semblent d’inspiration nettement panthéistique. Peut-être sont-ce là simplement des hardiesses d’expression, comme on en retrouve chez beaucoup de mystiques ? M. Schubart conclut que Novalis restera toujours en religion un indépendant, et peut-être même un irrégulier.

M. Busse, n’est pas arrêté par les mêmes incertitudes. « Celui qui veut retracer sous une forme succincte l’histoire du romantisme, dit-il, doit avoir le courage d’être radical et de construire, s’il veut présenter au lecteur un tableau tant soit peu intelligible de ce mouvement et ne pas le laisser s’égarer complètement dans le chaos des opinions contradictoires » (Novalis’ Lyrik, op. cit. p. 43). Ainsi le critique trace à l’auteur le programme auquel celui-ci doit se conformer. Ce programme pour Novalis est très simple. Ayant composé les Hymnes à Jésus, il devait s’en tenir là.