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Page:Spenlé - Novalis.djvu/487

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LES PROBLÈMES

lité : nulle part elle n’apparaît à l’état isolé et sous une forme précise » (p. 386). Henri d’Ofterdingen n’est qu’une confession individuelle du poète, « un reflet de son moi, de sa personnalité entière, de ses opinions métaphysiques, de ses aspirations artistiques, de sa destinée et de ses expériences particulières, le tout pêle-mêle et sans ordre : voilà la matière du roman de Hardenberg » (p. 387).

M. Fortlage a esquissé également un long parallèle entre la philosophie de Fichte et la spéculation de Novalis (Sechs philosophische Vortræge, Iena, 1879, p. 75 ss.). C’est la précision philosophique et la pensée virile qui dominent chez Fichte : c’est la profondeur d’intuition féminine du sentiment qui caractérise la spéculation romantique de Novalis. Et ainsi les deux esprits se complètent. Novalis a tiré de l’idéalisme de Fichte une sorte de platonisme chrétien. Par un détour, M. Fortlage nous ramène donc à la solution exclusivement « chrétienne » : la philosophie n’aurait été pour le penseur romantique qu’une introduction à la foi religieuse. « La foi de Novalis — d’après M. Fortlage, se confond assurément par ses résultats avec la foi de l’Église, bien qu’elle ait son point de départ en dehors de celle-ci » (p. 89).

M. Delbos, dans son étude sur « Le Problème moral dans la philosophie de Spinoza » (Paris, 1893. p. 317 ss.) a consacré un chapitre à Novalis. Tout en reconnaissant la profonde influence de Fichte sur le jeune poète, M. Delbos fait remarquer que celui-ci s’est séparé nettement de son maître par sa théorie de la Nature. Il ne faut pas du reste chercher de système chez Novalis. « C’est une unité d’inspiration plutôt qu’une unité de système » (p. 319). Cependant « dans ces vues éparses de Novalis on peut surprendre la tendance qui poussait l’Allemagne de la philosophie de Fichte à la philosophie de Spinoza, transformée et élargie » (p. 327). La philosophie de Spinoza, d’après M. Delbos, présente en effet un double caractère : elle est à la fois mystique et rationnelle. Ce qui avait frappé d’abord, c’é-