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Page:Spinoza - Éthique, trad. Appuhn, 1913.djvu/116

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ÉTHIQUE

Après s’être persuadé que tout ce qui arrive est fait à cause d’eux, les hommes ont dû juger qu’en toutes choses le principal est ce qui a pour eux le plus d’utilité, et tenir pour les plus excellentes celles qui les affectent le plus agréablement. Par là ils n’ont pu manquer de former ces notions par lesquelles ils prétendent expliquer les natures des choses, ainsi le Bien, le Mal, l’Ordre, la Confusion, le Chaud, le Froid, la Beauté et la Laideur ; et de la liberté qu’ils s’attribuent sont provenues ces autres notions, la Louange et le Blâme, le Péché et le Mérite ; j’expliquerai plus tard ces dernières, quand j’aurai traité de la nature humaine, et je rendrai compte ici brièvement des premières, Les hommes donc ont appelé Bien tout ce qui contribue au bien-être et au culte de Dieu, Mal ce qui leur est contraire. Et, comme ceux qui ne connaissent pas la nature des choses, n’affirment rien qui s’applique à elles, mais les imaginent seulement et prennent l’imagination pour l’entendement, ils croient donc fermement qu’il y a en elles de l’Ordre, dans l’ignorance où ils sont de la nature tant des choses que d’eux-