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NOTICE SUR L’ÉTHIQUE.

Jean de Witt[1], neveu du grand-pensionnaire. Depuis 1663, Spinoza, il faut l’observer, résidait principalement à Voorburg, dans le voisinage immédiat de La Haye ; sans que ses relations avec ses amis d’Amsterdam eussent cessé ou changé de caractère, il avait fait connaissance avec des personnages d’autre sorte, étroitement mêlés aux luttes politiques, avec le grand-pensionnaire lui-même, et l’on conçoit très bien qu’il ait eu le désir de servir à sa manière, en philosophe et en homme connaissant la Bible mieux que personne en son temps, la cause républicaine déjà fort menacée par les intrigues du parti orangiste et ultra-calviniste.

Le Traité Théologico-Politique parut en 1670, et sans doute Spinoza se remit presque aussitôt à la composition de l’Éthique où des remaniements importants étaient devenus nécessaires. L’étude théorique des passions remplit désormais la troisième partie à elle seule[2] ; la morale proprement dite de Spinoza, c’est-à-dire

    van Holland (1662 et 1669). C’est, d’après Leibniz, le même Pierre de la Court qui, sous le pseudonyme de Lucius Antistius Constans, publia en 1665 un petit livre intitulé De jure Ecclesiasticorum (ce livre a été attribué faussement à Spinoza lui-même ; Colerus le croit de Louis Meyer). Jean de la Court est l’auteur de deux ouvrages intitulés Politicke Discoursen et Politieke Weegschal (Balance politique).

  1. Ce Jean de Witt composa un livre appelé Publik Gebedt (Prière publique).
  2. D’après Freudenthal (Spinoza sein Leben und seine Lehre, p. 151), l’Éthique suivant le plan primitif se serait composé de trois parties seulement : Théorie de Dieu (première partie actuelle) ; Théorie de l’âme (deuxième partie), Éthique proprement dite (les trois dernières parties). On pourrait aussi bien, remarquons-le, rattacher la théorie des passions (troisième partie actuelle) à la psychologie qu’à l’éthique proprement dite. Je croirais plutôt, quant à moi, que la cinquième partie a toujours été dans la pensée de Spinoza distincte de la quatrième ; déjà