Aller au contenu

Page:Spinoza - Éthique, trad. Appuhn, 1913.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
243
DE LA NATURE ET DE L’ORIGINE DE L’ÂME

Prop. 17) ; mais je nie qu’un homme n’affirme rien en tant qu’il perçoit. Qu’est-ce donc en effet que percevoir un cheval ailé sinon affirmer d’un cheval des ailes ? Si l’Âme, en dehors du cheval ailé, ne percevait rien d’autre, elle le considérerait comme lui étant présent, et n’aurait aucun motif de douter de son existence et aucune faculté de ne pas assentir, à moins que l’imagination du cheval ailé ne soit jointe à une idée excluant l’existence de ce même cheval, ou que l’Âme ne perçoive que l’idée qu’elle a du cheval est inadéquate, et alors ou bien elle niera nécessairement l’existence de ce cheval, ou bien elle en doutera nécessairement. Par là je pense avoir donné d’avance ma réponse à la troisième objection : que la volonté est quelque chose de général qui se joint à toutes les idées et signifie seulement ce qui est commun à toutes ; autrement dit, qu’elle est l’affirmation dont l’essence adéquate, ainsi conçue abstraitement, doit pour cette raison être en chaque idée, et, à cet égard seulement, est la même dans toutes ; mais non en tant qu’on la considère comme constituant l’essence de l’idée, car en