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Page:Spinoza - Éthique, trad. Appuhn, 1913.djvu/348

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ÉTHIQUE

l’existence de la chose imaginée ; et, par suite, l’homme est joyeux seulement dans la mesure où cette détermination est réduite ; par où il arrive que cette Joie, qui naît du mal de la chose que nous haïssons, se renouvelle toutes les fois qu’il nous souvient de cette chose. Comme nous l’avons dit, en effet, quand l’image de cette chose est éveillée, comme elle enveloppe l’existence de la chose, elle détermine l’homme à la considérer avec la même Tristesse avec laquelle il avait accoutumé de la considérer quand elle existait. Mais, comme il a joint à l’image de cette chose d’autres images qui en excluent l’existence, cette détermination à la Tristesse est réduite aussitôt, et l’homme est joyeux de nouveau, et cela toutes les fois que l’occurrence se répète. C’est pour cette cause que les hommes sont joyeux toutes les fois qu’il leur souvient d’un mal déjà passé ; et c’est pourquoi ils s’épanouissent à narrer des périls dont ils ont été délivrés. Quand ils imaginent quelque péril en effet, ils le considèrent comme futur et sont déterminés à le craindre ; mais cette détermination est réduite de nouveau par l’idée de la liberté qu’ils