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ÉTHIQUE

quent n’appartient pas à l’essence de Dieu. Un deuxième argument se tire aussi de la souveraine perfection de Dieu : Dieu, disent-ils, puisqu’il est un être souverainement parfait ne peut pâtir ; or la substance corporelle, puisqu’elle est divisible, peut pâtir ; il suit donc qu’elle n’appartient pas à l’essence de Dieu. Tels sont les arguments trouvés par moi dans les auteurs, par lesquels on essaie de montrer que la substance corporelle est indigne de la nature de Dieu et ne peut lui appartenir. Si cependant l’on veut bien y prendre garde, on reconnaîtra que j’y ai déjà répondu ; puisque ces arguments se fondent seulement sur ce que l’on suppose la substance corporelle composée de parties, ce que j’ai déjà fait voir (Proposition 12 avec le Corollaire de la Proposition 13) qui est absurde. Ensuite, si l’on veut examiner la question, on verra que toutes ces conséquences absurdes (à supposer qu’elles le soient toutes, point que je laisse en dehors de la présente discussion), desquelles ils veulent conclure qu’une substance étendue est finie, ne découlent pas le moins du monde de ce qu’on suppose une quantité infinie, mais de ce qu’on