Page:Spinoza - Éthique, trad. Appuhn, 1913.djvu/679

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
675
notes

l’idée d’un corps. L’existence d’un certain corps nôtre est sentie ou imaginée par nous.

2o Proposition 11 : l’âme humaine, en tant qu’elle a une existence présente, est la pensée d’une chose singulière ayant elle-même une existence présente.

3o Proposition 13 : la chose singulière actuellement existante dont notre âme est la pensée, est précisément le corps que nous sentons ou imaginons. L’existence du corps se déduit de celle d’une âme où se forme à titre de fait une représentation du corps.

La démonstration est valable pourvu que l’on puisse considérer toute représentation ou perception comme fondée en quelque manière ; or c’est ce qui résulte des propositions 5 et 6 ; il n’y a pas d’idée même confuse qui n’exprime quelque vérité ; la perception qui pour nous a au plus haut degré le caractère d’un fait inintelligible se complète en Dieu et devient une idée claire (Prop. 32). On observera, en outre, que la nécessité du fait de conscience a été établie dans la Proposition 12.


Axiomes, Lemmes, Définitions et Postulats venant à la suite de la Proposition XIII. — La physique et la physiologie de Spinoza sont contenues dans ce petit nombre de propositions, du moins cette partie de la physique et de la physiologie jugée par lui indispensable. On les comparera naturellement à celles de Descartes ; voir, en particulier, l’exposition que Spinoza donne lui-même des principes de la mécanique cartésienne dans les Principes de la Philosophie de Descartes ; les notes explicatives (vol. I, p. 552 et sq.) indiquent les titres de quelques ouvrages à consulter.

La notion capitale contenue dans cette partie de l’Éthique est celle d’individu. Le corps de l’homme, comme celui de tout être existant dans la Nature, a une existence individuelle, une forme propre ou essence que Spinoza cherche à définir quantitativement. Ce corps animé (Scolie de la Prop. 13) n’est pas une machine ; Spinoza est mécaniste, mais il l’est autrement que Descartes, et son mécanisme n’exclut pas une sorte d’animisme (voir la note relative à la Prop. 35). L’effort pour se conserver qui est l’essence même de l’être singulier (Éthique, III, Prop. 7) est à la fois et indivisiblement générateur d’idées et générateur du corps lui-même (cf. le Scolie de la Prop. 39, partie V), non qu’il enveloppe aucune virtualité et qu’il y ait développement, au sens ordinaire du terme, de quelque chose qui était contenu en lui en puissance ; mais, d’une part, quand une idée se pose, les conséquences en sont aussi posées, l’être pensant est de sa nature actif et spontanément producteur d’idées à la manière de Dieu (voir la note relative à la Proposi-