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Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/108

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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

dans la pensée substantielle, à savoir celle qui constitue notre âme, il ne suffit pas d’un corps quelconque (qui alors devrait être connu autrement qu’il ne l’est), mais d’un corps consistant dans une telle proportion de repos et de mouvement ; car tel corps, telle idée.

12. Si donc il y a tel corps ayant telle proportion, par exemple de 1 à 3, ce sera notre corps, et l’âme qui lui correspondra sera notre âme : ce corps pourra bien être soumis à un changement continuel, mais sans sortir des bornes de cette proportion de 1 à 3 ; seulement, autant de fois il change, autant de fois l’âme change également.

13. Ce changement produit en nous par l’action des autres corps agissant sur le nôtre ne peut avoir lieu sans que notre âme, qui est également dans un état perpétuel de changement, en devienne consciente, et c’est ce que l’on appelle la sensation.

14. Mais, si les autres corps agissent sur le nôtre avec tant de violence que la proportion de l à 3 ne puisse plus subsister, alors c’est la mort, et par suite l’anéantissement de l’âme, en tant qu’elle est la connaissance, l’idée de ce corps ainsi proportionné.

15. Cependant, comme l’âme est un mode dans la substance pensante, et qu’elle peut la connaître et l’aimer aussi bien que la substance étendue, elle peut, par son union avec les substances qui durent toujours, se rendre elle-même éternelle. (MS)