essence et que les autres choses n’en ont pas, mais ne sont que des modes ; or les modes ne peuvent être bien compris sans l’essence dont ils dépendent immédiatement, et nous avons montré plus haut que si, pendant que nous aimons quelque chose, nous venons à rencontrer une autre chose meilleure, nous nous tournons vers celle-ci et abandonnons la première ; d’où il suit de toute évidence que lorsque nous apprenons à connaître Dieu, qui a en lui seul toute perfection, nous devons l’aimer nécessairement.
2o Si nous usons bien de notre entendement dans la connaissance des choses, nous devons les connaître dans leurs causes ; et, comme Dieu est la première cause de toutes choses, la connaissance de Dieu doit précéder logiquement la connaissance de toutes les autres choses, parce que la connaissance des autres choses doit résulter de la connaissance de la première cause. Maintenant, comme l’amour vrai naît toujours de l’opinion que nous avons de la bonté et de l’excellence de l’objet, sur quel autre objet l’amour peut-il se porter avec plus de force que sur le Seigneur notre Dieu[1], puisqu’il est seul un bien excellent et parfait ?
Nous voyons donc comment nous devons fortifier notre amour, et comment il doit se reposer en Dieu.
Ce qu’il nous reste à dire sur l’amour viendra mieux à sa place quand nous traiterons de la dernière espèce de connaissance.
Passons à la recherche que nous avons promise, à savoir quelles passions doivent être recherchées, quelles rejetées.
- ↑ Cette expression peut paraître étrange de la part de Spinoza. Elle est cependant textuelle : De Heere onze God. N’oublions pas, comme nous l’avons fait déjà remarquer, que le traducteur hollandais était chrétien. (P. J.)