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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

Enfin, quiconque use bien de son entendement doit tout d’abord nécessairement connaître Dieu, puisque, comme nous l’avons prouvé, Dieu est le bien suprême et qu’il est même tout bien. D’où il suit incontestablement que quiconque use bien de son entendement ne peut pas tomber dans la tristesse. Comment cela ? C’est qu’il se repose dans le bien qui est tout bien, toute joie et toute suavité.




CHAPITRE VIII


DE L’ESTIME ET DU MÉPRIS.


Nous traiterons maintenant de l’estime et du mépris, de la générosité et de l’humilité (vraie), de l’orgueil et de l’humilité basse, ou abjection.

Pour démêler ce qu’il y a de bon ou de mauvais dans ces passions, nous les prendrons l’une après l’autre comme elles se présentent devant nous.

L’estime et le mépris se rapportent à quelque objet, qui nous parait ou grand ou petit, soit en dedans soit en dehors de nous.

La générosité ne s’étend pas au-delà de nous-mêmes, et appartient seulement à celui qui, n’ayant aucune autre passion et sans exagérer l’estime de soi, juge sa propre perfection d’après sa vraie valeur.

L’humilité a lieu lorsque quelqu’un, sans aller jusqu’au mépris de soi-même, connaît sa propre imperfection ; cette passion ne s’étend pas non plus au-delà de nous-mêmes.