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Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/158

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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

conscience sans avoir conscience de leurs causes, quoique ces causses puissent nous être bien connues d’une autre manière.

D’un autre côté, l’âme peut être empêchée dans la puissance qu’elle a de mouvoir les esprits, soit parce que ce mouvement des esprits est trop faible, soit au contraire parce qu’il est trop fort : par exemple, les esprits sont diminués lorsque nous avons pris trop peu de nourriture ou que, par une course excessive, les esprits ont donné au corps un mouvement excessif et se sont par là dissipés et affaiblis. Ils sont trop augmentés lorsque, par le vin ou toute autre boisson un peu forte, on devient trop gai ou même ivre, et que notre âme n’a plus la puissance de diriger notre corps.

Voilà pour l’action de l’âme sur le corps. Considérons maintenant l’action du corps sur l’âme. Cette action consiste surtout en ce que c’est le corps qui met l’âme en état de le percevoir lui-même, et par là aussi les autres corps : ce qui est produit uniquement par le mouvement et le repos, car ce sont pour le corps les seuls modes d’action. D’où il suit que, en dehors de cette perception, il ne se produit rien dans les âmes qui puisse être causé par le corps. Maintenant, puisque la seule chose que l’âme apprenne à connaître, c’est le corps, il s’ensuit que l’âme l’aime tout d’abord et est unie avec lui. Mais nous avons vu que la cause de l’amour, de la haine et de la tristesse ne doit pas être cherchée dans le corps, mais dans l’âme, puisque toutes les actions des corps peuvent se ramener au repos et au mouvement ; et nous voyons aussi clairement et distinctement que l’amour d’un objet n’est détruit que par la représentation de quelque chose de meilleur : il s’ensuit évidemment que lorsque nous commençons à connaître Dieu, au moins aussi d’une connaissance aussi claire que celle