passions) ; c’est le corps en tant qu’objet, comme seraient toutes choses autres qui produiraient un effet semblable, si elles se présentaient de la même manière à l’âme. Par où je ne veux pas dire que l’amour, la haine et la tristesse qui naissent de la considération des choses immatérielles produisent les mêmes effets que l’amour, la haine ou la tristesse qui naissent de la considération des choses corporelles ; car celles-là, comme nous l’avons dit déjà, auront des effets tout différents, en raison de la nature de l’objet dont la perception les fait naître dans l’âme lorsqu’elle les considère.
Ainsi, pour en revenir à ce qui précède, si une chose supérieure au corps se présente à l’âme, il est certain que le corps n’aura plus alors la puissance de produire les mêmes effets qu’il produit actuellement. D’où il suit que non-seulement le corps n’est pas la principale cause des passions, mais encore que si quelque autre chose pouvait produire en nous les passions dont nous parlons, cet autre objet ne pourrait cependant agir sur l’âme autrement et plus que ne fait le corps. Car ce ne pourrait être qu’un objet qui serait complètement distinct de l’âme, et duquel par conséquent nous n’aurions pas autre chose à dire que ce que nous avons dit du corps.
Nous pouvons donc conclure avec vérité que l’amour, la haine et la tristesse et les autres passions sont causées dans l’âme tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et selon la forme de la connaissance qu’elle se fait des choses ; et en conséquence, lorsqu’elle arrive à connaître l’être le plus excellent, il sera impossible alors que l’une de ces passions puisse produire sur elle la moindre impression.