Aller au contenu

Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
DE LA VRAIE CONNAISSANCE, DE LA RÉGÉNÉRATION

celui sans lequel ni le corps ni son idée ne pourraient ni exister ni être connus, une fois cette connaissance acquise, elle se trouve unie avec lui par l’amour. On comprendra mieux cette union et ce qu’elle doit être, d’après son action sur le corps : cette action nous montre comment, par la connaissance et les affections des choses corporelles, naissent en nous toutes ces actions, que nous percevons continuellement dans notre corps, par l’agitation des esprits. Combien doivent être incomparablement plus grandes et plus magnifiques les actions nées de cette autre union, qui a lieu lorsque notre connaissance et notre amour tendent à l’être sans lequel nous ne pouvons ni exister ni être conçus. Car les actions doivent nécessairement dépendre de la nature des choses avec lesquelles l’union a lieu. Quand nous percevons ces effets, nous pouvons nous dire réellement régénérés : notre première génération a eu lieu, lorsque nous avons été unis à un corps, et c’est de cette union que naissent les actions et les mouvements des esprits animaux ; la seconde génération a lieu, lorsque nous sentons les effets tout différents de l’amour qui suit la connaissance de cet être incorporel ; et elles diffèrent l’une de l’autre, autant que l’incorporel du corporel, l’esprit de la chair. Et cette union doit être appelée une renaissance avec d’autant plus de droits et de vérité, que c’est de cet amour et dans cette union que nous contractons une disposition éternelle et immuable.