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Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/33

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XXVIII
INTRODUCTION

du Maroc, qui ont la queue longue. Spinoza cite encore l’exemple du paysan qui a perdu sa vache et qui, l’ayant cherchée au delà de ses pâturages habituels, était étonné que le monde fût si grand. Il en est de même du philosophe qui ne conçoit pas d’autre univers que la petite terre où il vit.

La seconde passion est l’amour, qui peut naître soit du ouï-dire, soit de l’opinion, soit des idées vraies : 1o par exemple : amour d’un enfant qui aime une chose sur la parole de son père ; amour de la patrie, pour lequel on va jusqu’à mourir ; 2o amour pour une chose où nous croyons voir quelque chose de bon et que nous abandonnons pour une autre qui nous paraît meilleure : c’est ici la passion proprement dite ; 3o quant à la troisième espèce d’amour, qui est l’amour vrai, ce n’est pas encore le lieu d’en parler.

La haine, ou passion contraire à celle de l’amour, naît de l’erreur, qui réside dans l’opinion ; par exemple, lorsque nous croyons que telle chose est un bien, nous haïrons celui qui nous l’a ravie, ce qui est une erreur, puisque, en dehors du vrai bien, rien n’est que vanité et misère, et que le vrai bien ne peut nous être ravi. De même, il y a une sorte de haine qui naît du ouï-dire, par exemple les haines religieuses : allusion transparente aux persécutions odieuses dont Spinoza avait été la victime.

Le désir (cupiditas) est la tendance à obtenir ou à conserver les choses qui nous paraissent des biens ; on voit donc qu’il nait de l’opinion : exemple, le malade qui attend son médecin avec impatience, croyant qu’il va le guérir.

Après ces premières observations bien sommaires, on le voit, Spinoza passe immédiatement à la théorie des passions bonnes et des passions mauvaises.

Si nous comparons ce qui vient d’être dit avec la partie correspondante de l’Éthique, il est facile de voir combien cette théorie est sèche et écourtée et combien elle a pris de développement et d’enrichissement dans l’ouvrage définitif : elle y comprend en effet un livre tout entier, le de Affectibus. Ici, Spinoza passe immédia-