en général ; il n’y a que des désirs particuliers, comme des volitions particulières. Dire que le désir est libre, ce serait dire qu’il est cause de soi ; en d’autres termes, qu’il s’est produit lui-même avant d’exister.
On voit que le désir n’est pas plus libre que la volonté.
La seule apparence de liberté vient de l’opposition de ces deux choses : le désir s’étend plus loin que la volonté ; nous pouvons désirer ce que nous ne voulons pas et vouloir ce que nous ne désirons pas : mais Spinoza n’a pas suffisamment éclairci ce point.
Quelles sont les conséquences de la doctrine précédente, à savoir de la négation du libre arbitre ? Les voici :
1o Nous dépendons de l’être parfait, comme la partie du tout ; nous devons être les serviteurs de Dieu, et c’est là notre principale perfection.
2o Nous n’avons pas à nous enorgueillir de nos actes.
3o Nous aimerons notre prochain et n’aurons contre lui ni haine ni colère.
4o Dans le service de la république ou de l’état, nous ne ferons acception de personne.
5o Cette doctrine nous délivre de la tristesse.
6o Elle nous conduit à ne pas craindre Dieu comme s’il était le diable ;
Et 7o à tout attribuer à Dieu, à l’aimer seul, comme ce qu’il y a de plus auguste et de plus saint, et à y placer tout notre salut.
Nous arrivons ainsi à la dernière théorie de l’ouvrage la théorie du salut ou de la béatitude (Welstand). Cette théorie n’est pas exposée d’une manière très-suivie, et elle contient plusieurs discussions épisodiques : c’est elle cependant qui domine jusqu’à la fin du livre.
L’union de l’âme et du corps. — Mais, pour entrer plus avant dans cette théorie du salut, il faut rechercher les causes de nos passions, et pour cela distinguer la part du corps et celle de l’âme. Spinoza introduit donc ici une discussion sur l’union de l’âme et du corps, qui eût été beaucoup mieux à sa place un peu plus haut.