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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

été dans cette hypothèse, et aurait été alors autre qu’il n’est maintenant ; par conséquent, si nous admettons que Dieu est maintenant l’être le plus parfait, nous sommes forcés de dire qu’il n’eût pas été tel s’il eût créé toutes choses autrement, conséquences absurdes, qui ne peuvent être attribuées en aucune façon à Dieu, lequel maintenant et dans toute l’éternité, est, a été, et sera immuable.

Ces conséquences résultent encore de l’analyse que nous avons faite de la vraie liberté, qui ne consiste pas à pouvoir agir ou ne pas agir, mais en cela seulement de ne pas dépendre d’autre chose, de telle sorte que tout ce que Dieu fait vient de lui et est fait par lui, comme par la cause la plus libre et la plus sage. Or, Dieu étant la première cause, il doit y avoir quelque chose en lui, par quoi il fait ce qu’il fait et ne peut pas ne pas le faire : et comme ce qui le fait agir ne peut être autre chose que sa propre perfection, nous concluons que si sa perfection ne le faisait agir de telle manière, les choses n’existeraient pas et n’eussent pas commencé à être de la manière dont elles sont. Voilà pour la première propriété de Dieu ; passons à la seconde, et voyons ce qu’il y a à en dire.



CHAPITRE V


DE LA PROVIDENCE DE DIEU.


Le second attribut de Dieu, parmi ceux que nous appelons propres, est la providence, qui pour nous n’est autre chose que cet effort, par lequel toute la