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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

Enfin lorsqu’ils disent que Dieu est le souverain bien, s’ils entendent par là autre chose que ce qu’ils ont déjà dit, à savoir que Dieu est immuable et cause de toutes choses, ils s’égarent dans leur propre concept et ne se comprennent pas eux-mêmes ; ce qui vient de leur erreur fondamentale sur le concept du bien et du mal, croyant que c’est l’homme et non pas Dieu qui est la cause de ses péchés et de son propre mal, ce qui ne peut être, comme nous l’avons démontré ; autrement, nous serions forcés d’affirmer que l’homme est la cause de lui-même. C’est ce que nous éclaircirons encore plus tard, lorsque nous traiterons de la volonté de l’homme.

Maintenant, il est nécessaire de réfuter les sophismes par lesquels ils essayent de justifier leur propre ignorance.

Ils disent d’abord qu’une bonne définition doit se faire par le genre et la différence. Mais, quoique cela soit accordé par tous les logiciens, je ne sais pas cependant d’où ils tirent cette règle ; car, si cela était vrai, on ne pourrait absolument rien savoir ; en effet, si nous ne connaissons pleinement une chose qu’à l’aide d’une définition par le genre et la différence, nous ne pourrons jamais connaître parfaitement le genre le plus élevé, puisqu’il n’a aucun genre au-dessus de lui ; mais si nous ne pouvons pas connaître le genre suprême, qui est la cause de la connaissance de toutes les autres choses, encore moins pourrons-nous connaître et comprendre ces choses, qui ne sont expliquées que par la première.

Mais, puisque nous sommes libres et nullement liés à leurs opinions, établissons par la vraie logique d’autres règles de la définition, conformément à la distinction que nous faisons dans la nature.

Nous avons vu que les attributs (ou, comme d’autres les appellent, les substances) sont des choses, ou,