Page:Spoelberch de Lovenjoul - Autour de Honoré de Balzac, 1897.djvu/54

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faux. N’analysons rien, ce serait faire ton désespoir.

» Le vieillard s’assit sur une escabelle, se tint la tête dans les mains et resta muet.

» — Maître, lui dit Porbus, j’ai cependant bien étudié sur le nu cette gorge ; mais pour notre malheur, il est des effets, vrais dans la nature, qui ne sont plus probables sur la toile…

» — La mission de l’artiste n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil copiste, mais un poète, s’écria vivement le vieillard, en interrompant Porbus par un geste despotique. Autrement, un sculpteur serait quitte de tous ses travaux en moulant une femme. Eh bien ! essaie de mouler la main de ta maîtresse et de la poser devant toi ; tu trouveras un horrible cadavre, sans aucune ressemblance, et tu seras forcé d’aller trouver le ciseau de l’homme, qui, sans te la copier exactement, t’en figurera le mouvement et la vie. Nous avons